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Reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle dans la fonction publique : Mettre en valeur ses compétences pour dynamiser sa carrière !
juillet 2014
Même si une bonne culture générale reste incontournable pour réussir un concours d'entrée ou une promotion dans la Fonction publique[1], les employeurs publics cherchent de plus en plus à tester les candidats sur leurs compétences et leur potentiel professionnels. Ce tournant a été pris avec la loi de modernisation de l'administration du 2 février 2007 qui crée la RAEP (Reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle[2]). Basée sur un dossier construit par le candidat qu'il devra ensuite défendre à l'oral, cette épreuve personnalisée vise à faire du concours un outil de recrutement et non de sélection.
- tout d'abord, introduit au Statut[7] de la fonction publique d’État et de la fonction publique hospitalière (article 19 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 ; article 29 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986), par les articles 5 et 6 de la loi de modernisation du 2 février 2007, un nouvel alinéa ainsi rédigé : « Dans le cas d'un concours ou d'un examen professionnel organisé sur épreuves, l'une d'entre elles peut consister en la présentation par les candidats des acquis de leur expérience professionnelle en relation avec les fonctions auxquelles destine le concours ou l'examen professionnel. Ces acquis peuvent également être présentés en complément des titres ou des titres et travaux dans le cas des sélections qui en font usage. » ;
- puis, dans la Territoriale, créé un décret du 13 février 2007[8] introduisant la reconnaissance de l’expérience et l’équivalence des diplômes (RED) pour la plupart des concours, et, par la loi n° 2007-209 du 19 février 2007 (articles 31 et 33), étendu le bénéfice de la reconnaissance de l’expérience professionnelle (REP), notamment pour permettre l’adaptation de certaines épreuves de concours mais aussi des… examens.
...Et d'unifier les critères de promotion et d'avancement lors des examens
S’agissant des examens organisés pour les fonctionnaires afin de leur permettre de bénéficier d'un avancement ou d'une promotion et de pouvoir accéder au grade ou encore à un corps (ou cadre d'emplois) supérieur, les épreuves plaçaient jusque-là, la valeur professionnelle au centre des décisions, sans que les critères retenus soient spécifiés.
Aussi, le Gouvernement a souhaité que les acquis de l’expérience professionnelle soient pris en compte, au même titre que la valeur professionnelle, « plaçant de fait l’une et l’autre au centre de la promotion de grade ou de corps (ou cadre d'emplois) », comme l'indique la circulaire du 30 mars 2007 relative aux modalités de mise en oeuvre de la RAEP.
- aussi bien sur : l’appréciation de la valeur professionnelle des candidats,
- que sur leur densité, la richesse de leur parcours antérieur et les acquis que ce parcours leur a permis de capitaliser,
Grâce à la RAEP, exit les épreuves « académiques », le candidat n’est plus en position de « savoir » mais peut agir. Il va en effet, pouvoir se servir de l’expérience professionnelle qu’il a acquise au sein d’une administration, d’un service déconcentré, d’un établissement public, d’une collectivité territoriale, mais également dans une entreprise, dans une association ou encore en tant qu’élu local pour défendre sa candidature…
L’introduction d’une épreuve de RAEP dans un concours – qui modifie du même coup le contenu des épreuves – fait à chaque fois l’objet d’un arrêté ou d’un décret. Début 2010, environ 130 procédures RAEP ont été créées. La RAEP concerne le recrutement externe et interne, mais elle est présente essentiellement dans les sélections et promotions internes. En 2011, l’État a proposé des épreuves de RAEP dans le cadre de 74 concours et promotions : 30 concours internes, 32 examens professionnels – dont 13 en vue d’un changement de corps et 19 en vue d’un changement de grade. Au niveau des concours externes, ces derniers attirant de nombreux jeunes diplômés n’ayant pas encore d’expérience professionnelle, la RAEP est souvent en option pour ne pas désavantager ces candidats débutants qui sortent du système scolaire ou universitaire.
À l’origine, l'épreuve a été développée en 2008, dans les ministères de la Justice, des Finances, de la Santé, de la Culture, de l’Écologie, ainsi que pour l’accès aux instituts régionaux d’administration (IRA) (qui forment les attachés d'administration des différents services de l'État / catégorie A) au concours interne et au 3e concours, sous la forme d'une épreuve orale d'admission. Le dernier rapport sur « la Reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle dans la fonction publique d’État depuis 2007 » souligne l'importance que prend l’épreuve dorénavant, en rappelant les consignes données au jury : « si plusieurs candidats ont obtenu le même nombre de points, la priorité pour l’admission est accordée à celui qui a obtenu la note la plus élevée à l’épreuve orale d’entretien et de RAEP ».
L'évolution se fait progressivement, à l'image des ministères économique et financier (16 candidats en 2008, 1 284 en 2011) et de l’Intérieur (18 candidats en 2008 pour 534 en 2011). En revanche, la Culture et l’Éducation nationale n’ont appliqué cette réforme qu’à partir de 2011[10]. En 2011, la RAEP a été proposée dans 35 concours de catégorie A de la fonction publique d’État, 36 de catégorie B et 3 de catégorie C (FPE). Ainsi, ce sont 6 289 candidats qui se sont présentés aux concours internes avec RAEP, 3 104 en catégorie B. La faible part des concours de catégorie C en RAEP (14,2 %) s'explique par la montée en puissance ces dernières années, du recrutement de ces agents sans concours[11].
Enfin, si la fonction publique hospitalière semble, pour l’instant, plus rétive, la Territoriale y arrive petit à petit : examen professionnel d’attaché principal ; épreuve de présentation orale du parcours présente aux concours internes et de 3e voie…
Être acteur et faire ressortir des compétences-clés
- Dans un premier temps, le candidat doit constituer un dossier type[12] en s'aidant d'un guide de remplissage qui lui aura été remis lors de son inscription. Le jury prendra connaissance du dossier et le notera ou non ;
- Dans un deuxième temps, le jury apprécie, lors d'un entretien oral, la personnalité, les aptitudes, la motivation du candidat. Le dossier examiné en amont par le jury sert de support de discussion.
Selon la circulaire du 30 mars 2007, il est attendu du candidat qu'il présente « l’ensemble des savoirs, compétences et aptitudes professionnels qu’il a acquis dans l’exercice d’une activité au sein des administrations[13] ; dans l’exercice d’une activité salariée, non salariée ou bénévole, notamment en France ou dans un Etat membre de la Communauté européenne ou d’un autre Etat partie à l’accord sur l’Espace économique européen autre que la France ».
L’objectif étant que toutes les compétences que le candidat va mettre en valeur dans son dossier RAEP soient en lien avec l'emploi visé. L'épreuve de RAEP constitue donc la plus personnelle des épreuves des concours de la fonction publique.
Elle demande au candidat de défendre son parcours professionnel et de mettre en évidence ses atouts et potentiels, tant à l’écrit qu’à l’oral.
Pas toujours facile d'analyser ses compétences (savoir, savoir-faire, savoir être…) et de synthétiser une carrière dans et hors de la fonction publique le cas échéant, tout en faisant ressortir des compétences-clés…
Anticiper la préparation pour présenter un dossier et un parcours …personnalisés et uniques !
1 Ou plutôt des 3 fonctions publiques : Etat, Hôpitaux et leurs établissements, collectivités territoriales : région, département, commune et leurs établissements : établissement public de coopération intercommunale (EPCI : syndicats ; communautés de communes, d'agglomération, urbaines, métropoles)...
2 Loi n° 2007-148 du 2 février 2007 relative à la modernisation de la fonction publique
3 http://www.fonction-publique.gouv.fr
5 Pour chaque catégorie (A, B et C), il existe en principe 3 types de concours : externe, interne et « de 3ème voie ». Chaque année, quelque 3000 concours de la Fonction Publique sont organisés. Ils se différencient selon le type de candidats et les conditions à remplir. Concours externes : concernent tous les candidats ayant le diplôme requis. Concours internes : concernent les agents publics titulaires et non titulaires (ex. contractuels) ayant une certaine durée de services publics (1 ou 4 ans en fonction de la catégorie du concours). Concours « de 3ème voie » : concernent les agents du secteur privé (notamment emplois-jeunes), élus, responsables d'associations ayant une certaines durée d'activités ou de mandat (en général 4 ans). Pour les emplois de 1er niveau de qualification, il existe une procédure de recrutement direct sans concours.6 Ordonnance n° 2005-901 du 2 août 2005 relative aux conditions d'âge dans la fonction publique et instituant un nouveau parcours d'accès aux carrières de la fonction publique territoriale, de la fonction publique hospitalière et de la fonction publique de l'Etat7 La fonction publique n'est pas régie par le Code du travail mais par le « Statut général », texte législatif constitué de quatre titres : « Dispositions générales » Titre I : Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires (loi Le Pors) ; « Fonction publique de l'Etat » Titre II : Loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat ; « Fonction publique territoriale » Titre III : Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale ; « Fonction publique hospitalière » Titre IV : Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière ».8 Décret n° 2007-196 du 13 février 2007 relatif aux équivalences de diplômes requises pour se présenter aux concours d'accès aux corps et cadres d'emplois de la fonction publique.9 Circulaire n° FP 2135 du 30 mars 2007 relative aux modalités de mise en oeuvre de la RAEP10 Pour les corps de secrétaire administratif du ministère de la Culture, et celui de conseiller technique de service social et d’inspecteur à l’Éducation nationale.11 Bounakhla N., La reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (RAEP) dans la fonction publique de l’État depuis 2007, DGAFP, 201312 En 2011, 10 148 candidats ont ainsi constitué un dossier de RAEP dans le cadre d’un concours de la fonction publique de l’État, soit deux fois plus qu’en 2010 où 4 407 candidats avaient participé à ce type d’épreuve.13 Cf. article 2 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires15 Pour un exemple voir : rapport du jury CAPES réservé 2013 http://cache.media.education.gouv.fr/file/general/50/3/Rapport_jury_capes_reserve_allemand_2013_280503.pdf16 Sources : infos.emploipublic.fr17 BOTTEAU S., " Les discriminations dans la fonction publique progressent...malgré les outils mis en place ! ", Carrières publiques, juin 2014
Pour aller plus loin :Loi n° 2007-148 du 2 février 2007 relative à la modernisation de la fonction publiqueLoi n° 2007-209 du 19 février 2007 relative à la fonction publique territorialeCirculaire n° FP 2135 du 30 mars 2007 relative aux modalités de mise en oeuvre de la RAEPInformations sur le dossier RAEP : http://www.fonction-publique.gouv.fr/score/ecoles-de-formation/ira-et-ena/ira/information-sur-dossier-raepBounakhla N., La reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (RAEP) dans la fonction publique de l’État depuis 2007, DGAFP, 2013Rapport annuel sur l’État de la fonction publique, Titre II, Faits et chiffres, édition 2013, La Documentation française
VAE, REP, RAEP : quelle différence ? La VAE (validation des acquis de l'expérience) utilisée aussi bien dans le secteur public ou privé (article L.6411-1 du Code du travail) permet la délivrance d'un diplôme au candidat. La reconnaissance de l'expérience (REP) présente dans la Territoriale se distingue de la VAE, puisqu’elle permet seulement l’accès à un concours quand le candidat n'a le diplôme minimum requis. La RAEP n'est, elle, qu'une épreuve de concours qui intervient généralement en remplacement de l'oral de culture générale.